Extrait d'un article du nouvel observateur du 13/10/13:
« Tu connais pas un bon ostéo ? » Posez la question lors d’une discussion entre amis, et vous tenez un sujet de conversation qui devrait vous occuper un petit moment. Même si la loi Kouchner de 2002 fait sortir l’ostéopathie de l’illégalité, choisir un praticien à qui confier ses vertèbres en toute sérénité n’est pas évident.
En 2007, des décrets ont énoncé les conditions réglementaires relatives à l’enseignement de l’ostéopathie. Cinquante écoles sont alors agréées en quelques mois, et elles commencent à délivrer des diplômes d’ostéopathes reconnus par l’Etat. Depuis, le nombre de praticiens a explosé.
Le registre des ostéopathes de France (ROF), qui publie tous les six mois une enquête démographique sur l’état de la profession, s’alarme ainsi du nombre croissant d’ostéopathes. Selon des données du ministère des Affaires sociales et de la Santé, ils étaient 19 369 à exercer en janvier 2013.
Le ROF estime qu’un ostéopathe a besoin d’exercer seul dans un bassin de 5 000 habitants pour vivre de son métier. Dans ces conditions, la saturation toucherait aujourd’hui 68 départements français et devrait en concerner 88 en 2014, ce qui complexifie l’installation des jeunes diplômés.
Entre 2 000 et 3 000 nouveaux ostéopathes sortent chaque année des écoles d’ostéopathie. François Ottavi-Ménager, président du ROF :
« En 2002, il y avait moins d’une dizaine d’écoles. L’image véhiculée par l’ostéopathie était alors celle d’une profession intéressante, lucrative, dans l’air du temps, très “développement durable”, sans médicaments...
Avec les décrets d’application de 2007, c’est un énorme business qui s’est développé pour les écoles d’ostéopathie. Aujourd’hui, on compte 75 centres de formation. »
Une prolifération imputable au ministère de la Santé, qui a largement facilité l’ouverture de ces établissements. Pour Gilles Vanneau, directeur de l’Institut supérieur d’ostéopathie de Lognes (Seine-et-Marne),« n’importe qui peut former des ostéopathes, pourvu qu’il respecte les données administratives, ce qui entraine d’importantes dérives ». La demande d’agrément, essentiellement formelle, revient très peu le contenu de la formation.
Difficile pour un futur étudiant aspirant à la profession d’ostéopathe de ne pas s’y perdre. La durée des études oscille entre trois ans de formation au Collège d’ostéopathie du Pays basque et six ans à l’Ecole supérieure d’ostéopathie de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne). La taille des promotions, les méthodes d’apprentissages, l’approche ostéopathique et surtout le coût varient aussi beaucoup.
Et les patients, comment peuvent-ils s’y retrouver dans cette cacophonie réglementaire ? « Il est en réalité très difficile de savoir si un ostéopathe est un bon ostéopathe », reconnaît Ottavi-Ménager :
« La pratique n’est pas normée : chaque ostéopathe a une approche particulière. Un praticien peut donc être bon pour un patient, et ne pas correspondre à un autre patient. C’est extrêmement subjectif. »
Quelques précautions permettent cependant d’éviter les mauvaises expériences :